Le SNUEP OEUVRE EN CONGRES

En congrès national à Limoges, les enseignants des lycées professionnels dénoncent des réformes socialement « destructrices »

En congrès national à Limoges, les enseignants des lycées professionnels dénoncent des réformes socialement "destructrices"

Les représentants nationaux du Snuep-FSU le 26 mars à Limoges. © Populaire du Centre

Alors que depuis 2018, les élèves des lycées professionnels ont perdu l’équivalent de la moitié d’une année de cours, 140 congressistes du Snuep-FSU, réunis à Limoges, sonnent l’alarme : « L’État utilise et vole le temps de l’école pour faire travailler la jeunesse des milieux populaires au profit des entreprises ».

Ils ne se réunissent que tous les trois ans et leurs retrouvailles ont lieu pour la première fois à Limoges.  Depuis ce lundi 25 mars,  le Snuep-FSU* tient son congrès national sur le site de Cheops, en pleine tempête sociale.

Car les réformes successives qui ont secoué l’enseignement professionnel depuis 2018, auxquelles sajoutet désormais le “choc des savoirs”, aux conséquences jugées redoutables pour la filière “pro”, ne cessent d’attiser la colère d’une profession qui s’estime insuffisamment écoutée.

170 heures de cours perdues

« Depuis six ans, nos élèves ont perdu 170 heures de cours, soit l’équivalent de la moitié d’une année scolaire, déplore Axel Benoist, cosecrétaire général du Snuep-FSU. Nous subissons le contexte de réformes guidées par les exigences d’entreprises en demande de main d’œuvre peu coûteuse. C’est socialement destructeur. »

À partir de cette année, les examens de terminale du baccalauréat professionnel seront avancés début mai pour permettre aux élèves qui le souhaitent de partir six semaines en stage. Une nouveauté que n’apprécie guère le syndicat enseignant, qui y voit un dispositif d’autant plus inégalitaire que les élèves auront le choix entre opter pour ce stage rémunéré 600 euros (entièrement financés par l’État) ou rester en cours.

« On devine ce que choisiront les enfants les moins favorisés, poursuit Axel Benoist. L’État utilise et vole le temps de l’école pour faire travailler la jeunesse des milieux populaires au profit des entreprises, c’est socialement destructeur. »

Des élèves « assignés à résidence »

Autre motif d’inquiétude pour le Snuep-FSU : les nouvelles cartes des formations actuellement en gestation et négociées région par région. À terme, 15% à 25% des formations devraient disparaître dans les deux à trois ans qui viennent.

« Elles seront fermées, car jugées moins insérantes et remplacées par des formations adaptées aux besoins locaux, mais sans réelle solution pour les personnels, poursuit Axel Benoist. Or, non seulement ces nouvelles cartes des formations ne répondront pas aux enjeux d’avenir que sont la réindustrialisation du pays ou encore le défi environnemental, mais en plus, elles seront une sorte d’assignation à résidence locale pour nos élèves. Une injustice de plus. »

Des classes « prépas lycée » stigmatisantes

Et ce n’est vraisemblablement pas la dernière, si l’on en croit le Snuep-FSU. Le syndicat redoute également la création prochaine des classes “prépas-lycée”, destinées à accueillir les élèves recalés au DNB et dont l’accès en classe de seconde leur sera désormais refusé. « La politique d’implantation de ces classes est différente selon les académies, précise Séverine Brelot, cosecrétaire nationale du syndicat. Mais  cette “prépa” concerne nos élèves, et il est évident qu’ils seront non seulement stigmatisés, mais également, du moins pour certains, largement incités à se tourner vers le CAP et/ou l’apprentissage… »

Enfin, la concurrence attendue de 500.000 élèves stagiaires de seconde générale et technologique –   qui en juin devraient frapper à la porte des entreprises en même temps que les élèves des LP – ne fait qu’accentuer l’inquiétude et le sentiment d’iniquité sociale.

« Une bataille emblématique »

Dans ce contexte de forte pression, la situation compliquée de l’enseignement professionnel  est donc un enjeu de taille pour la Fédération FSU, dont le secrétaire général a fait hier le déplacement à Limoges.

« Les lycées professionnels sont pour nous une bataille emblématique, explique Benoît Teste. La sélection sociale, qui va désormais commencer dès le collège avec les groupes de niveau, y est évidente. Nous assistons une politique éducative fortement critiquée par les personnels, mais aussi de nombreux  parents d’élèves. Les signes de rejet sont de plus en plus forts et inquiétants. »

(*) Syndicat professionnel de l’enseignement public. Organisé par le Snuep-Limousin et son secrétaire académique Christophe Tristan, le congrès national réunit jusqu’à vendredi 140 participants venus de toutes les académies de métropole et d’Outre-mer.

 

Florence Clavaud-Parant

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